Thomas Jorion
Le travail de Thomas Jorion (né en 1976, installé à Paris) s’élabore dans le champ spécifique des bâtiments en ruine ou délaissés, des lieux désormais déchus tant de leur usage que de leur fonction. Son geste photographique explore les rapports avec l’environnement construit en privilégiant des espaces atypiques qu’il nous incite à observer en induisant une réflexion sur la matérialité et la temporalité. Thomas Jorion réalise ses images avec une chambre photographique 4×5″ ainsi que des négatifs couleurs.
Jeu de contraste entre le sublime et les cicatrices du temps, Les palais oubliés de Thomas Jorion sont comme des paquebots échoués au bord du rivage. Cette sensation d’espaces infinis, mise en avant par un plan d’ensemble qui embrasse la totalité du lieu photographié caractérise cette série. Aucune mise en scène, pas de réorganisation dans l’antre de ces constructions inhabitées, Thomas Jorion enregistre, à travers le dépoli de sa chambre photographique, les lieux tels qu’ils sont. Et pourtant, il se passe quelque chose, une pulsation à peine perceptible. Les images respirent, de l’absence naît une présence latente. Ces palais aux architectures baroque, classique ou encore moderne deviennent de petits théâtres où se joue une scène invisible. Les photos de Thomas Jorion font appel à notre imaginaire. En prenant soin d’orienter notre regard dans l’image , le photographe nous fait découvrir un monde secret. La lumière réveille les couleurs chatoyantes qui se sont endormies au fil du temps. Les salles de bals, les escaliers, les grands halls sont autant de lieux où se déroule un événement. Il a su capter cette atmosphère par un travail du cadre très précis, par cette capacité à enregistrer la lumière naturelle qui se glisse à l’intérieur de ses merveilles architecturales des XVIIIe et XIXe siècle, là où le temps s’est figé.