Bruno Fontana

Urban Wallpapers
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Bruno Fontana

Le travail de Bruno Fontana se construit dans le champ de la représentation des environnements urbains et paysagers. A cheval entre ces deux éléments, il induit une réflexion sur les formes d’appropriation du territoire. Série après série, Bruno Fontana expérimente, promène son regard sur ce qui l’entoure pour fonder ses préoccupations artistiques. Manipulant parfois l’image jusqu’aux confins de la réalité, il donne accès à une compréhension nouvelle de la relation qui nous lie à notre environnement. Composant des séries de structures construites en répétition, il attire notre attention sur la singularité de chaque élément. Chaque série s’inscrit également dans une démarche mémorielle et patrimoniale. Bruno Fontana ne s’intéresse pas à la forme humaine et pourtant, ses photos sont le reflet de notre société…

Répétitions, accumulations, papier peint comme il en est tant aujourd’hui lorsque les « wallpapers » devenus à la mode semblent réitérer, en clin d’oeil aux fifties et sixties, une forme de nostalgie et de décoration. En ces temps qui voient tout d’un coup l’art cinétique, si longtemps oublié remis au goût du jour et même célébré dans les lieux les plus prestigieux et les galeries les plus courues, la proposition de Bruno Fontana prend un sens tout particulier. Parce que, précisément, elle ne s’inscrit dans aucune des remises en avant citées ci-dessus. Cette saturation du motif à partir de constatations pertinentes sur des éléments architecturaux nous parle d’aujourd’hui. De conditions de vie, jusqu’à l’étouffement, de conventions, jusqu’à noyer l’élément fonctionnel dans sa seule forme répétée, de surface et d’apparences derrière lesquelles vivent des gens, des familles, nos contemporains. «L’oeil curieux sera contraint à une circulation sur cet espace dense, décelant ainsi de nombreux évènements comme un linge pendu, un parasol installé au balcon, une fenêtre ouverte… Ce foisonnement de détails sera perçu comme de petites « anomalies » à l’échelle du papier peint venant défier l’écrasante logique graphique. Écrasante, effectivement, mais comme une proposition de trame de lecture dont la radicalité peut prendre le risque de masquer son objet pour nous obliger à la lecture. Sous peine de devenir aveugles, ce que nous risquons à chaque instant, nous devons aller au bout de ce tissage d’images, de ce filet de signes qui semble dissimuler un réel que nous ne lisons plus. Ce révélateur qui assume et sa complexité et ses paradoxes a l’immense avantage de nous obliger à voir, ou à admettre notre indifférence. Christion Caujolle, fondateur et ancien directeur de l’agence VU